Comme tu le sais sans doute lecteur, j’ai commencé ma transition vers une foulée medio-pied (d’aucuns disent “avant pied”, ne chipotons pas sur les mots) il y a tout juste un an.
Petit rappel pour qui n’a pas suivi le début: tout le monde nait et apprend à courir avec une attaque sur l’arche avant du pied au départ.
Et puis des années de Nike, Asics and co avec leur 12mm de différence entre le talon et l’avant pied (soit disant pour “amortir”) ont raison de la plupart d’entre nous et créent une foulée fort disgracieuse avec une attaque talon.
Comme ça quoi.
Oui ça c’était moi avant. Brune en plus. Mais là n’est pas le sujet.
Cette foulée peu instagrammable n’est en soi pas un souci. 95% des gens courent comme ça et s’en portent bien. Et tant mieux pour eux.
Une autre partie en revanche se blesse à répétition. Tendinites, aponévrosites and co. Le pire, c’est que toutes ces blessures ne viennent pas forcément de leur foulée (les causes sont souvent multifactorielles, de l’augmentation brusque du kilométrage à la nutrition en passant par plein d’autres trucs). La plupart du temps, le premier truc qu’on te conseille en cas de blessure c’est d’aller voir un podologe qui va te faire de belles semelles pour te rééquilibrer tout ça. Et souvent ça marche.
Mais parfois ça suffit pas. Comme pour moi.
Et c’est ce qui, au bout du bout, m’a fait me tourner il y a un an vers cette transition, après une conversation avec le gourou français de la foulée medio-pieds, Frédéric Brigaut.
Le seul hic c’est que pour être franche, tu as plus de risques de te reblesser à nouveau en changeant de paradigme de course. Parce que tu dois littéralement changer ton corps: muscler tes mollets et tes pieds, remettre en cause tout un équilibre plus ou moins acquis auparavant au niveau des tendons, des ligaments etc.
Et donc si tu t’achètes une paire de minimalistes (les horribles shoes sans drop donc, cette différence entre le talon et l’avant du pied) et que tu pars courir une heure comme ça, bon déjà tu y arriveras pas, mais si jamais tu t’accroches, tu auras perdu tes mollets a minima. Et les pathologies dans ce coin sont longues à guérir.
C’est complètement informée sur ce point que j’avais commencé ma transition.
D’abord en faisant des exercices de positionnement chez moi sans courir, des exercices de musculation des pieds, puis en recommençant à apprendre à courir. Commençant par 1km à une vitesse ridicule et n’augmentant que très très peu à chaque fois.
Quelques moi plus tard j’ai pu atteindre 30mn de la sorte et en septembre, j’ai couru mon premier marathon en shoes de 3mm, ce qui était une connerie incommensurable mais la rationalité et moi hein. Enfin je l’ai terminé…et je ne me suis pas blessée.
Cela fait donc un an que je n’ai pas remis de baskets maximalistes. Le fait que je cours sur l’avant des pieds (enfin en vrai le milieu mais on va pas jouer sur les mots) quand j’attrape le bus me fait croire que mon cerveau a bien intégré cette nouvelle façon de faire. D’ailleurs, je ne sais plus faire autrement à vrai dire.
Ce que ça m’a apporté ?
Bon clairement, j’ai toujours une grosse tendinite à l’insertion de l’ischio droit, qui malgré quasi deux ans de kiné, osteo, exercices en tous genres, arrêts plus ou moins longs du running, ne passe pas. Je m’y suis faite, j’en parle là.
Idem pour mon TFL qui se réveille toujours après 21km… donc de ce côté là, non ça n’a pas été un remède miracle. En revanche pas d’autres bobos à déplorer depuis. Encore heureux me diras-tu.
Sinon, je me sens quand même moins gauche quand je cours. Attention, instant “jme la pète”: depuis quelques mois, plusieurs personnes dont des coachs m’ont complimentée sur ma foulée. Autant te dire que j’étais fière comme Artaban.
Mais pour autant, pas simple de trouver la bonne technique. Ma cadence est bien à 180pas/mn voire plus comme le préconisent les spécialistes et je suis plutôt en avant, mais je travaille encore pas mal l’angle d’attaque, l’engagement du transverse, l’utilisation des bras, le positionnement de mon centre de gravité, le retour de ma jambe arrière etc.
C’est que courir s’apprend, contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas si naturel que ça.
Sur cette photo prise en toute fin de triathlon, la foulée est dégradée mais on voit tout de même que le pied se pose plus à plat.
Celle là a été prise en début de transition et on voit que j’attaque trop sur les orteils par exemple
En tous cas je ne regrette rien, à part sur distance marathon, je suis à même de faire tout ce que je faisais avant en minimalistes et je ne cours plus que comme ça.
Je ne suis pas une prosélyte pour autant, chacun fait ce qui lui semble bon même si, je ne peux plus voir passer un coureur sans regarder comment il pose son pied #snobisme.
Et toi, ça te tente ou pas du tout ?